Une journée avec monsieur Jules de Broeckhoven

77581050_oUne journée avec Monsieur Jules : roman / Diane Broeckhoven ; traduit du néerlandais par Marie Hooghe. — [Paris] : NiL éditions, 2011. — 108 p. ; 18 cm. — ISBN 978-2-84111-458-0

Quatrième de couverture

Depuis des années, Alice et Jules ont leur petit rituel : chaque matin, tandis qu’elle paresse au lit, c’est lui qui prépare le café avant de dresser, au salon, la table du petit déjeuner. Puis, à dix heures pile, le fils de la voisine, David, a l’habitude de partager une partie d’échecs avec celui qu’il appelle « Monsieur Jules ». Mais ce jour-là, lorsque Alice rejoint son époux au salon, elle le retrouve tranquillement assis sur le canapé, toujours vêtu de son pyjama, l’air serein mais le regard étonné. Mort.

Dehors, il neige à gros flocons et David s’apprête à sonner à leur porte…

Avec une infinie délicatesse, Diane Broeckhoven compose une petite musique, discrète et feutrée, pour décrire les gestes et motifs quotidiens d’un couple de vieux amants. Sous prétexte de mort, son texte nous parle surtout de la vie.

L’auteur

Diane Broeckhoven est née à Anvers en Belgique en 1946. Elle travaillera comme journaliste pendant de nombreuses années. Tout d’abord à Anvers, à partir de 1967, pour le journal De standaard. Elle s’installe à Haarlem dans les Pays-Bas en 1970. Elle y demeurera jusqu’en 2000. Elle retourne ensuite à Anvers. Pendant son séjour aux Pays-Bas, elle continue à collaborer à de nombreux journaux. Elle y commence aussi à écrire. Elle écrit De buitenkant van Meneer Jules (Une journée avec Monsieur Jules) en 2001.

Diane Browckhoven a écrit près d’une trentaine de romans dont plusieurs ont reçu des prix et furent traduits en diverses langues. La grande majorité de son oeuvre est consacrée à la littérature jeunesse.

Bibliographie

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Résumé et Commentaires personnels

Alice et Jules sont mariés depuis de nombreuses années. Ils sont un vieux couple plein d’habitudes, de rituels, d’amour et de secrets. Un matin, Alice se réveille et sent l’arôme du café que prépare Jules comme à tous les matins. Une journée comme les autres. Mais lorsqu’elle le rejoint, Jules est assis sur le sofa et ne lui répond pas. Il est mort, sans bruit, après avoir fait le café du matin. Incapable de s’en séparer tout de suite, elle décide de ne pas appeler les autorités, ne pas appeler l’ambulance, ne pas avertir leur fils. Elle décide de passer encore quelques moments avec lui… pour lui confier tout ce qu’elle ne lui a jamais dit.

Mais la vie continue, la journée suit son cours. Les heures passent. Le petit voisin va venir pour sa partie d’échecs habituelle. Que va-t-elle faire ? Elle ne peut se résoudre à entamer les procédures qui amèneront loin d’elle son époux. Elle a simplement besoin de quelques heures pour lui dire adieux. Elle fera donc du garçon autiste, son complice pour quelques heures.

Voici un roman tout en douceur. Nous accompagnons Alice dans cette dernière journée avec son époux. Elle veut le toucher, lui parler, lui raconter ses secrets avant de devoir le quitter. Nous assistons donc, tels des voyeurs,  à la dernière journée entre Jules et son épouse. Nous écoutons les mots d’Alice. Nous sommes témoins de sa tristesse, son désarroi, sa peur de se retrouver seule. C’est une douce et délicate histoire d’amour ! C’est certain. Mais c’est aussi une histoire de souvenirs parfois tristes et difficiles. Et nous avons aussi droit à la confession d’Alice qui peut maintenant tout dire à Jules. Les choses qu’elle lui avait cachées, les choses qu’elle savait sur lui sans lui admettre… Elle dévoile les secrets de son époux, les choses qu’il pensait lui avoir cachées. Ils avaient tous les deux leurs secrets, leurs silences. Et parfois nous pouvons sentir dans les confessions d’Alice, une petite amertume, des regrets et des reproches. La vie d’un couple n’est pas que faite de beaux moments. Il y a des moments douloureux. Et ils font partis du tout qui construit une vie de couple. Et l’auteur réussit en très peu de pages à nous transmettre toutes les facettes de ce couple vieillissant.

Car le texte de Broeckhoven est court. Trop court ? Non, car il dit tant de choses. Nous avons l’impression de violer l’intimité du couple. On écornifle. On écoute aux portes. Et on ne pourrait décemment être trop longtemps indiscret. Ce ne serait pas décent, non?

Deux autres personnages viendront bousculer un peu la journée d’Alice. En particulier le petit voisin autiste, David, qui vient tous les jours pour sa partie d’échec avec Jules. Je dois avouer ici, que même si la dynamique entre Alice et David lors de cette journée est bien intéressante, j’aurais préféré ne voir et n’entendre qu’Alice et Jules.

Un tout petit livre bien émouvant.

L’avis de Athalie, Anne, Aifelle1, Celeste, Lali, Moka,

Extraits

« Il n’avait pas souffert. Alice le savait, ça la rassurait. Elle se demanda si elle devait lui fermer les yeux. Au cinéma, elle avait vu comment, d’un mouvement subtil du pouce, des proches parents abaissaient les paupières du défunt. ELle se leva, se plaça à la droite de Jules et pusa la main sur son visage. Elle tremblait. L’été précédent, elle avait trouvé près de l’entrée de l’immeuble un moineau tombé du nid. Elle l’avait emporté dans l’appartement et tenu dans sa main, le seul endroit imaginable pour le laisser mourir. Aprèes un dernier frémissement, il était mort, encore enrobé de chaud duvet. Le frçolement des paupières de Jule et la caresse presque imperceptible de ses cils contre sa paume réveillèrent soudain le souvenir de l’oisillon. Non, elle ne pouvait pas faire ça ou l’étonnement disparaîtrait du visage de Jules. » p. 19

«  « La neige reste dehors, la chaleur est à l’intérieur », dit-il. Ça ressenblait à un poème. » p. 107

Sources à consulter

 

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